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Les institutions militaires entre 1815 et 1870
 
Le recrutement des hommes
 
Les effectifs
 
De 1815 à 1870 la part de la classe bourgeoise dans les milieux dirigeants augmente. Ennemie des aventures extérieures, très regardante en ce qui concerne les crédits budgétaires, cette classe n'entend entretenir qu'un appareil militaire réduit. En outre les souvenirs de l'effroyable dépense de forces humaines de l'Empire sont présents à toutes les mémoires. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à la loi de Conscription de 1798 est écarté. Cette méfiance tenace est en grande partie responsable du rejet du service à court terme car la multiplication des réserves instruites engendrée par cette mesure pourrait faire succomber l'Etat à la tentation de s'en servir. Un autre argument majeur de l'époque soutient également que seul un service à long terme permet d'entretenir un corps de sous-officiers suffisant.
 
Pour ces raisons, mais aussi en raison d'une certaine incompréhension du dossier, les assemblées refusent les crédits nécessaires à l'instruction des réserves. De 1815 à 1870 l'armée régulière est donc constituée d'engagés et surtout d'appelés servants entre 6 et 8 ans. Il ne sera jamais constitué de réserves instruites. Sans être de véritables armées de métier, celles des monarchies constitutionnelles et du Second Empire en présentent de nombreuses caractéristiques, avec les avantages et inconvéniants les définissant. Quant à la Garde Nationale, héritage de la Révolution de 1789, elle joue un rôle important sur le plan intérieur, mais son manque d'instruction lui interdit toute aptitude immédiate à faire campagne.
 
Ce système est suffisant tant que les opérations militaires se bornent à des expéditions ne réclamant que des effectifs restreints, comme la conquête de l'Algérie, illustrée ici par Jean-Adolphe Beauce et la "Prise d'assaut de Zaatcha par le colonel Canrobert du 26 novembre 1849". A ce sujet, le "Moniteur" daté du 4 janvier 1850 précisait :

"Le signal est donné. La charge sonne. La colonne d’attaque de droite, composée de deux bataillons de zouaves, du 5e bataillon de chasseurs à pied, de cent hommes d’élite du 16e de ligne et de trente sapeurs du génie, s’élance sur la brèche. Le colonel Canrobert des zouaves marche en tête de cette colonne. Quatre officiers, seize sous-officiers ou soldats de bonne volonté l’accompagnent. Deux de ces officiers sont tués (MM. Toussaint et Rosetti des spahis), deux sont blessés (MM. Besson de l’état-major et Dechard des zouaves), enfin, sur seize soldats douze sont tués ou blessés. L’élan irrésistible de cette colonne contribua puissamment à la prise de la ville."

Les effectifs de l'armée française suffisent également à couvrir l’expédition de Crimée entre 1853 et 1856, la campagne d'Italie de 1859, ou le corps expéditionnaire au Mexique, à partir de 1862. Mais en 1870, le France va être opposée sur son sol à une puissance européenne et la faiblesse numérique des réserves instruites se fera durement sentir. La défaite française, consommée à la fin du siège de Paris, illustré ici par Jean-Louis-Ernest Meissonier  aboutira à l'abdication de l'Empereur.
 
 
Les lois militaires de 1818, 1824 et 1832
 
A son avènement, Louis XVIII supprime la Conscription et dissout l'armée impériale. Il institue des "Légions départementales" à recrutement régional par engagements volontaires. Mais ce mode de recrutement se révèle insuffisant et les effectifs ne dépassent pas 117.000 hommes. Il faut en revenir à la conscription par la loi Gouvion-Saint-Cyr du 18 mars 1818 rétablissant l'appel, le tirage au sort et la règle du "remplacement".
 
La durée de service est fixée à 6 ans et le contingent annuel à 40.000 hommes, donnant un effectif disponible à tout moment de 240.000. En 1824 le durée de service est portée à 8 ans et le contingent annuel à 60.000 hommes, pour un effectif total disponible de 480.000. L'excédent non appelé du contingent constitue, sur le papier, la réserve, mais elle n'est pas instruite.
 
En 1832 la durée de service est abaissée à 7 ans.  L’exonération est instituée, pour supprimer les abus du "remplacement". La nouvelle règle propose, par un paiement effectué à l’Etat, d’être dispensé de service, sans pour autant devoir trouver de remplaçant. Cette méthode permet de financer les primes de rengagement, augmentant sous l’effet financier. En fonction de la durée du service l’âge moyen de la troupe augmente, mais il compense un recrutement toujours insuffisant avec par exemple 13.713 engagés pour 42.217 exonérés en 1859.  
 
L’exonération est supprimée en 1868. Elle n’a jamais pris le pas sur le remplacement, assez facilement accepté par la société depuis longtemps. A l’époque, la bourgeoisie dirige la société et ne s’enflamme pas pour les notions d'égalité. Certaines voix s’élèvent et stigmatisent « l'impôt du sang » mais la plupart le considèrent comme « une chose non seulement utile mais nécessaire », comme l’écrit le capitaine Blanc dans son ouvrage consacré aux « Généraux et Soldats d'Afrique ».


La loi de Niel de 1868
 
L'écrasement de l'Autriche par la Prusse à Sadowa en 1866 fait en France l'effet d'un coup de tonnerre. La Prusse ayant adopté le service à court terme, la victoire de son armée démontre à l’étonnement général la valeur et l'importance des réserves instruites.

En France, alors qu’il devient urgent de remédier à la faiblesse des effectifs de l’armée, la discussion du projet de loi du Maréchal Niel, alors ministre de la guerre, dure plus d'un an. Le projet gouvernemental se heurte à l'opposition ouverte du parti libéral et à la mauvaise volonté de la majorité, effrayée par l'étendue des sacrifices à demander à la nation. A l’époque, comme le proclame Napoléon III, « L'Empire c'est la paix » et il est interdit de parler ouvertement de la guerre, devenant pourtant menaçante.
 
La loi finit par être votée en 1868. Elle fixe la durée du service à 5 ans dans l'active suivit de 4 ans dans la réserve pour la première portion du contingent, et à 5 mois pour la deuxième. Mais la constitution d'une garde nationale mobile différente de la Garde Nationale, englobant tous les hommes non appelés devient caduque en fonction des journées d’instructions, réduites à une quinzaine par an, chacune d’entre elles ne devant pas dépasser la journée.
 
Après la mort de Niel, son successeur, le général Lebœuf, ne demande pas les crédits nécessaires aux exercices de la garde mobile, et ne la convoque même jamais. Il réduit ainsi de plus de 100.000 hommes le contingent initialement prévu. La loi Niel, déjà tardive, ne redressera pas la situation, elle n’est pas appliquée.
 
 
Les cadres
 
Les sous-officiers
 
Sous la Restauration les vieux cadres sous-officiers de l'armée napoléonienne ne se rallièrent jamais complètement à un régime se désintéressant de leur sort. Ils sont à la base des révoltes militaires de cette époque, comme celle de la Charbonnerie, ou l’affaire des quatre sergents de la Rochelle.
 
Entre 1830 et 1848, la Monarchie de Juillet manifeste plus d'attention aux sous-officiers. Des places vacantes d'officiers leur sont réservées dans l'artillerie, le génie, et jusqu'au deux tiers dans la cavalerie et l'infanterie. ) "En 1844 il n'y avait pas une batterie ou sur dix sous-officiers il n'y en ait pas cinq ayant plus de 7 ans de service" déclare le général Thoumas. Leur sort matériel est amélioré et on ne signale qu'une révolte, à Lunéville en 1837, durant cette période. Les sous-officiers constituent alors un corps de grande valeur.
 
Après 1855, la tendance s’inverse. L'augmentation de la richesse du pays entraîne une élévation générale du niveau de vie et détourne les jeunes gens d'une carrière que l'Etat ne se soucie plus d'améliorer. Beaucoup d'appelés refusent de suivre les pelotons. En 1869, pour remédier au mal, à l’initiative de Niel, il est décidé de réserver un certain nombre d'emplois civils aux anciens sous-officiers, mais de décès de l’initiateur et la guerre de 1870 empêchent l'application de la mesure.
 
 
Les officiers
 
En 1815 les réductions d'effectifs et le retour des émigrés entraînent l’existence d'un surplus considérable d'officiers dont beaucoup sont mis en demi-solde, soit pour raisons politiques, soit à la suite des suppressions d'emploi. La deuxième catégorie disparait peu à peu avec la création des cadres de remplacement auxquels était réservée la moitié des vacances, mais l'encombrement des cadres se fera sentir pendant plus de 15 ans, ralentissant l'avancement et suscitant mécontentement et découragement.
 
En 1818,  la loi Gouvion Saint-Cyr restreint les prérogatives royales pour atténuer l'avancement scandaleux de certains émigrés, dont les seuls états de service ont été de se battre contre la France. Pour être officier il faut désormais sortir d'une Ecole accessible sur concours d'entrée, ou avoir 4 ans de service de sous-officier, pour qui un tiers des places sont réservées. En outre l'avancement est presque uniquement réglé à l’ancienneté jusqu'au grade de lieutenant-colonel. Les colonels sont au deux-tiers nommés à l’ancienneté et les autres le sont au choix mais 4 ans de passage dans chaque grade sont exigés. Cette loi fait cesser de nombreux abus et produit dans l'ensemble de bons résultats. Elle est cependant imparfaite, il faut par exemple un minimum de 24 années de service pour passer colonel, entrainant un certain vieillissement des cadres supérieurs. Il lui sera également reproché de faire une part trop belle à l'ancienneté comme l’écrit en 1831, le général et théoricien militaire de Brack en de « droits exorbitants qu'on accorde à l'ancienneté ».
 
La loi de 1832 diminue les temps de passage dans chaque grade en fixant à 15 ans de service la durée minimum pour passer colonel Elle augmente également la proportion du choix dans l'avancement. Le recrutement est divisé en trois parts égales, un tiers des officiers proviennent des écoles, un autre de la promotion des sous-officiers, et le dernier est réservé au roi et utilisée en pratique pour la promotion des sous-officiers dans l'infanterie et la cavalerie et à celle des élèves des écoles pour l'artillerie et le génie. Cette dernière répartition est judicieuse, elle permet d’augmenter la part d’hommes expérimentés dans les unités de mêlée, et celle des soldats instruits dans les armes demandant une formation technique sans cesse croissante. La loi de 1832 garantit en outre et pour la première fois l'état de l'officier. Le grade est rendu distinct de l'emploi et seules les formes prévues par la loi peuvent priver un officier de son grade.
 
 
La vie militaire
 
Le  Maréchal Franchet d'Esperey dresse un portrait assez juste de l’armée française de 1840 dans son « Histoire  militaire du Directoire à la guerre de 1914 », à propos de la troupe il écrit :

« Le "muscadin" qui franchissait les grilles d'une caserne pour faire un "piou-piou", qu'il fut engagé, remplaçant ou conscrit ne s'attendait guère à se voir choyé. Pour lit un tréteau à partager avec un camarade dont la compagnie était imposée. Pour vaisselle une gamelle commune ou gisaient cinq ou sept rations. Aussi quelle astuce et quelle expérience ne lui fallait il pas pour piquer d'une fourchette adroite un morceau de viande sans os. Quelle dextérité pour ne pas empiéter avec la cuiller dans le  secteur alimentaire d'un compagnon voisin. Des mois et des semaines s'écoulaient avant qu'un conscrit portât avec l'aisance d'un ancien le poids de l'énorme shako conique dont son chef était surmonté,  avant  qu'il endurât sans faiblir la gêne d'un habit droit, bien agrafé, dont le collet et le col en crin serraient la gorge à faire râler. Combien de théories et d'exercices avant qu'il fut admis au dangereux honneur de prendre une faction, avant de savoir manœuvrer ou astiquer "comme dans la Garde! »
 
Le maréchal poursuit, à propos des cadres :

« Les petits gradés chargés par le règlement de fonctions précises s'acquittent de leur tâche avec une ponctualité rigoureuse. Ils vieillissent célibataires, dans les casernes, ne quittent la chambrée ou le terrain de   manœuvre que pour la cantine, assistent le troupier à chaque moment. Toute la vie de la caserne repose sur eux. Déjà le sergent-major est au dessus des détails de l'existence militaire. Quant aux officiers, seul les lieutenants ou sous-lieutenants de semaine passent chaque jour dans les chambres, le capitaine n'y vient que très rarement et on ne le voit arriver aux prises d'armes que lorsque l'appel des hommes est fini.
 
Proches ou distants de la troupe, les cadres attirent le respect et parfois l’attachement de la troupe. La longueur des engagements permet de créer des liens entre les hommes et les cadres sont aussi bien appréciés pour leurs mérites que pour leurs travers. C’est l’époque des officiers originaux, à la vie mouvementée, la carrière bien remplie et l’éducation soignée. Ils sont très différents entre eux et excitent l'incessante curiosité de leurs subordonnés. Les plus âgés proviennent des armées impériale ou royale, les plus jeunes sortent de Saint-Cyr ou de Polytechnique. Contraints par le règlement à vivre à la même table, et par le tour de semaine à accomplir dans la même unité un même service, ils marchent côte à côte sans se confondre. 
»
 
Présentant toutes les caractéristiques des armées de métier, l’armée française de l’époque en possède certaines qualités et beaucoup de défauts. Elle est disciplinée, l'esprit de corps y est prédominant et l'instruction des hommes est minutieuse, formaliste, mais poussée. L’habillement est si complet qu'il constitue même en campagne un véritable fardeau pour le soldat. En revanche, la routine entraine chez les officiers une véritable atonie intellectuelle. La vie facile, sous le Second. Empire, ne fait que renforcer cette attitude. Cette faiblesse se ressentira sur les champs de bataille de la guerre de 1870 alors que l’armée française, dans son ensemble, se montrera brave et disciplinée au feu.


L’organisation des armées
 
L’organisation générale
 
Après l'Empire, toutes les grandes unités, divisions ou brigades sont supprimées en temps de paix. Elle ne reparaîtront temporairement à l'occasion des différentes expéditions militaires. De toutes les réformes militaires de la fin du 18e siècle seule subsiste l'organisation des divisions territoriales.
 
Des divisions mixtes composées d’infanterie, de cavalerie et d’artillerie sont reformées à l'occasion de la guerre d'Espagne de 1823, plus comparable à une opération de maintient de l’ordre . Au cours du Second Empire seules seize divisions sont en théorie organisées en temps de paix, mais seules celles de la Garde ou du camp de Chalons possèdent leurs dotations en artillerie. La Garde impériale met sur pied un véritable corps d'armée permanent, alors que les six commandements créés par Napoléon III sous la dénomination de corps d'armée sont des distinctions honorifiques. Ils ne correspondent en rien à des structures de commandement et d'organisation des troupes pour la guerre.
 
L'armée du Second Empire se divise en trois castes distinctes, il y a tout d’abord l'orgueilleuse Garde impériale avec son uniforme de parade et ses privilèges, puis viennent les Africains fiers de leurs succès lointains, et enfin la modeste infanterie de ligne. Mais en 1859 à Magenta celle-ci vient au secours de la Garde impériale et en reçoit les acclamations en retour.
 
 
L’infanterie et la cavalerie
 
Si ce n’est l'apparition des zouaves, tirailleurs, spahis et chasseurs d'Afrique conséquentes aux guerres menées sur ce continent, il y a peu d'innovations dans l'organisation de l'infanterie et de la cavalerie. Sous le Second Empire, les troupes d’élite réapparaissent avec la Garde impériale,  mais aussi au sein des autres unités avec des compagnies ou des bataillons qualifiés, eux aussi de troupes d'élite. Puis Niel répartit leurs effectifs dans toutes les compagnies et crée pour la circonstance la distinction de première classe pour souligner leur valeur. A la veille de la guerre de 1870, l'infanterie compte 366 Bataillons de 8 compagnies, la cavalerie 63 régiments dont 6 de la Garde, 10 de cuirassiers, 20 de cavalerie légère, 20 de cavalerie de ligne, et 7 de cavalerie d'Afrique.
 
 
L'artillerie
 
En 1829, la création de l'artillerie montée du système Valée, entraîne la disparition d'un certain nombre de batteries à pied et à cheval. En 1830 on compte 98 batteries montées ou à cheval pour 70 à pied. Ces diverses unités, de six pièces chacune, sont réparties dans des régiments mixtes.

En 1854 les différentes catégories de l'arme sont séparées et regroupés en seize régiment à composante unique dont cinq d'artillerie à pied représentant 60 batteries en tout, sept d'artillerie montée pour un total de 98 batteries, et quatre d'artillerie à cheval totalisant 28 batteries. De 1867 à 1870, il existe 126 batteries montées et 38 à cheval dont 10 sont en Algérie ou à Rome. A la mobilisation de 1870, 154 batterie sont mises sur pied. La majorité d'entre elles disparaitra dans les désastres de Metz et de Sedan.
 
Il existe 1200 bouches à feu en service en 1841, puis la quantité de pièces disponibles diminue, faute de moyens pour les entretenir. A la veille de la guerre, en 1870, le général Leboeuf, alors ministre de la guerre, s’oppose à toute demande de crédits supplémentaires destinés à accroître un matériel manifestement insuffisant en nombre. Il ne subsiste que 984 canons aptes à faire immédiatement la campagne lors du déclenchement des hostilités.
 
 
La mobilisation

Rien n'était prévu pour la mise sur pied de guerre de l'armée. "Se débrouiller" ést le mot d'ordre général. La mobilisation des armées, c'est à dire la mise des unités à effectifs de guerre, est faite simultanément avec la concentration de ces armées sur les théâtres d'opérations. En 1859 des divisions sont transportées en hâte au Piémont alors qu'elles ne disposent ni d'état-major, ni de moyens de transport pour leur ravitaillement, ni même parfois de leur artillerie. Elles ne sont complétées qu'au voisinage même de l'ennemi et il faut toute l'inertie des Autrichiens pour que de tels désordres n'occasionnent pas de désastre
 
Peu de temps après la batille de Solférino, illustrée ici par Jean-Louis-Ernest Meissonier, Napoléon III, réunit 300 officiers à un banquet aux Tuileries le 15 août 1859, et leur dit: "Que le souvenir des imperfections signalées revienne souvent à votre mémoire, car pour tout homme de guerre le souvenir est la science même.''

Ces justes paroles restent pourtant sans écho et la mobilisation de 1870 est un modèle d'incohérence. Mais le ravitaillement en campagne fait de très nets progrès. L'organisation de la distribution des vivres est dans l'ensemble satisfaisante même si le gaspillage occasionne encore de grosses dépenses. La vie au détriment du pays traversé devient de toute façon souvent impossible, comme cela fut le cas en l’Algérie, en Crimée ou en Italie.


 
 
 



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