L’armement et la production industrielle
sous l’Empire
L’armement
L'armement ne subit aucune modification importantes pendant la Révolution et sous l'Empire. L'infanterie est toujours armée du fusil modèle 1777, légèrement modifié en 1802. L'armement de l'artillerie de campagne est toujours composé des matériels du système Gribeauval, soit les canons de 4, 8 et 12 pouces et l’obusier de 6.
En 1803 il est cependant décidé de remplacer les canons de 4 et de 8 par un seul modèle, le canon de 6 pouces (calibre 96 mm), et de remplacer l'obusier de 6 par un obusier de 24. Ce système qui devait donc comprendre des canons de 12 et 6 pouces et un obusier de 24 ne fut qu'ébauché. 250 pièces de 6 sont construites pour la campagne de 1805 et équipent en particulier l'artillerie de la Garde comme la pièce illustrée ici par Rava Giuseppe, montrée avec ses trains et ses servants. Mais la majorité des unités continue d'être dotée des canons Gribeauval.
L'armement de la cavalerie subit quelques modifications. En 1803, l'Empereur ordonne la création d'une cavalerie de choc et par conséquence la mise sur pied de régiments de cuirassiers. Ce type de cavalerie lourde a en effet été abandonnée par la France à la fin du 17e siècle.
Notons également qu'à partir de 1909, après Wagram, bataille pendant laquelle les lanciers autrichiens impressionnent fortement, la lance est elle aussi adoptée. Des régiments de cavalerie légère en sont dotés, à l'image de cette illustration signée par Philippoteaux.
La production industrielle
La Convention avait effectué une véritable mobilisation industrielle. Mais sous le Consulat et surtout sous l'Empire, le farouche patriotisme de l'époque a fait place à une lassitude générale de la guerre. De plus en plus, le sort de la France est dissocié de celui de l'Empereur. Dans ces conditions Napoléon ne possède ni la possibilité, ni le désir de mobiliser l'industrie française et la production industrielle est bien mal organisée.
La faiblesse financière de l'Etat et surtout le manque de prévisions de l'administration expliquent en grande partie cette situation. Napoléon éprouve en outre une méfiance instinctive pour les industriels et les commerçants. Pour lui, tout fournisseur est un "fripon". Cette méfiance se traduit par un esprit tracassier de l'administration impériale et les industriels, peu soutenus et peu encouragés, répugnent à travailler pour l'Etat.
Enfin l'industrie française du début du 19e siècle est encore artisanale, alors que la période des grandes exploitations et l'essor du machinisme commencent en Angleterre. Le développement de l'industrie française est de plus entravé par un perpétuel manque de main d'œuvre, conséquente des levées massives de l'armée.
Il ne faut néanmoins pas dresser un portrait trop sombre de l'organisation de la fabrication des armes en France. Sous la direction du ministère de la guerre, les manufactures sont étroitement contrôlées par des officiers et des inspecteurs, assurant une surveillance technique rigoureuse de la production. Mais le fonctionnement administratif des commandes, hérité de l'ancien régime et s'étalant parfois sur plusieures années, nuit au progrès technique par la strcite obligation du respect des conditions mentionnées.
Cependant l'exploitation des ressources industrielles d'une grande partie de l'Europe, comme le montre cette carte de l'Empire en 1812, jointe aux possibilités malgré tout importantes de l'industrie française, permet d'assurer l'armement et l'équipement des armées françaises. En 1806, environ 270.000 armes sont produites par les manufactures de l'Empire et un total d'environ deux millions de fusils modèle 1777 seront fabriqués. La manufacture d'arme de Charleville, à l'origine de l'arme, produit 50.000 fusils à elle seule en 1812. Ce n'est qu'après les désastres de Russie de 1812 et d'Allemagne à Leipzig en 1813, entraînant la perte de la quasi totalité du matériel en service aux armées, que l'industrie française, réduite alors à ses seules ressources, ne pourra plus faire face aux demandes. En 1814 les fusils manquent pour armer les nouvelles recrues.